27 octobre 2014

Peut-on définir un végétal par rapport à un animal ?


Caractères traditionnellement associés à la notion de végétal

"Un végétal est immobile". C'est vrai pour certains "végétaux" (la pâquerette, le chêne, etc.). Mais beaucoup d'entre entre-eux sont mobiles. Des végétaux unicellulaires qui nagent (ex. Chlamydomonas). Des diatomées et des Cyanobactéries qui rampent (ex. Phormidium). Des cyanobactéries hélicoïdales qui avancent en tournant sur elle-mêmes et donc en se vissant dans l'eau (exemple : la bactérie Spiruline). Par ailleurs, de nombreux animaux sont fixés et donc immobiles (Spongiaires, Scléractiniaires, Bryozoaires, etc.)

pâquerette

chêne






spongiaires = éponges de mer

scléractiniaires = coraux

bryozoaire vient du grec, bruon : mousse et zôon : animal 

"Un végétal est autotrophe", c'est-à-dire qu'il fabrique sa matière organique à partir du car­bone minéral et de l'énergie lumineuse. C'est vrai pour la plupart des plantes vertes (=viridiplantae) et des algues rouges (=rhodobiontes). Mais une grande partie des "végétaux" sont hétérotrophes (fabrique leur matière organique à partir de matière organique préexistante). Par exemple, une grande partie des "végétaux roux" (=dinobiontes) et les Fungi (=champignons). Inversement, certains "animaux" récupèrent les chloroplastes des organismes broutés (kleptoplastie = vol de chloroplastes), les pla­cent dans leurs cellules sous-cutanées, et exploitent leur photosynthèse. Par exemple, le Mol­lusque Elysia (animal), les Ciliés et les Foraminifères.

"plantes vertes"

algue rouge

"végétaux roux" (gymnodinium mikimotoi)




"Un végétal est osmotrophe, alors qu'un animal est phagotrophe". Beaucoup de végétaux assimilent effectivement par osmose (=le liquide passe au travers d'une membrane perméable qu'à l'eau, du milieu le moins concentré vers le plus concentré jusqu'à atteindre un équilibre comme pour le diluer) les substances dont ils ont besoin. Mais nombreux sont les "végétaux" phagotrophes, c'est-à dire qui ingèrent des proies (par exemple chez les Dino­biontes vues plus haut). Inversement, de très nombreux animaux complètent leur alimentation par assimilation à travers leur ectoderme (=paroi extérieure) ; par exemple les oursins et les étoiles de mer. 


L'osmose

oursins

étoiles de mer

"Un végétal possède de la cellulose". Ce n'est vrai que pour certains des "végétaux" ("plantes vertes", dinobiontes). Chez les autres, la paroi cellulaire est principalement constituée de composés très différents (agar, carraghénanes etc.). Inversement, de la cellulose est présente chez des animaux (les Tuniciers).

agar ou carraghénane = gélifiants découverts chez les algues rouges 


On peut multiplier les exemples : aucun critère n'est discriminant de ce que la tradition a réuni sous le nom de "végétaux".

Que représentent donc les végétaux dans l'arbre du vivant ?

Ce que l'on appelle traditionnellement "végétaux" est un ensemble d'organismes que Carl von Linné, vers 1750, a réunis sous ce nom, sur des critères empiriques (=basés sur l'expérience) et arbitraires (=basés sur sa volonté à lui).


Dès les années 1950s, il est devenu clair que les végétaux constituaient un ensemble poly­phy­létique (=artificiel), en fonction des connaissances de cytologie (= étude de cellules en microscopie électro­nique), de biochimie et de biologie. 

Dès les années 1970s, les notions de "règne végétal" et de "règne animal" ont été abandonnées au profit d'un système à 3 puis 5 puis 6 règnes etc.,  la plupart de ces règnes mêlant des organisme que la tradition avait placés chez les végétaux ou les animaux.

Conclusion

On ne peut pas définir un végétal par rapport à un animal. 
La seule définition possible est la suivante : "Les végétaux sont un ensemble d'organismes sans aucun caractère commun ni distinctif (=qui permet de reconnaître, de distinguer), que la tradition (issue du 18° siècle) a réunis sous ce nom et qui sont étudiés par un ensemble de chercheurs appelés "botanistes".

Source : université de Provence